La chapelle Saint-Exupère
La chapelle Sant Dispar ou Saint-Exupère se trouve au lieu dit Logispar en Dinéault.
Nichée sur une des pentes qui portent les bois de Rosarnou en Dinéault, dans une des dernières boucles de l’Aulne, la chapelle de Logispar a pour patron san Dispar francisé en saint Exupère.
Le sanctuaire est connu en référence au vitrail acqui, en 1893 par la Société archéologique du Finistère, aujourd’hui l’un des fleurons du Musée départemental breton à Quimper. La chapelle vaut qu’on s’y arrête un instant pour y faire quelques observations.
A cet emplacement, se sont succédé au gré du temps plusieurs constructions. Nous avons relevé plusieurs dates soit dans les archives ou sur le bâtiment qui nous ont permis de retracer la vie du bâtiment. Celui que nous connaissons actuellement est une reconstruction partielle de 1893. Le vaisseau a été reconstruit par Armand Gassis, architecte à Châteaulin, sur un plan rectangulaire assorti d’un chevet à pan, vaguement inspiré du néo-roman. Le matériau, en moellons de grès de la presqu’île, est reconnaissable aux éclats qui empêchent une taille régulière. Fort heureusement, Gassis a conservé la façade et le clocher.
Cette chapelle, comme beaucoup d’autres dans la région, a subi plusieurs transformations, elle est flanquée d’un calvaire et d’une fontaine.
La chapelle
En 1893, la chapelle Saint Exupère menaçant de tomber en ruine, le recteur de Dinéault Yves Berthou et le conseil de la fabrique décident de restaurer le clocher et la façade ouest puis de détruire complètement le vaisseau en croix latine pour élever une nouvelle chapelle de forme rectangulaire.
Cette construction, d’un montant de 8400 francs, a été financée par les paroissiens et par la vente pour 550 francs d’un vitrail que nous détaillerons un peu plus loin. Cette verrière ornait le chœur de l’ancienne chapelle.
Le vitrail
Le vitrail, de 2,65 m de haut sur l,75m de large était la fenêtre axiale de l’ancien chevet de la chapelle Saint-Exupère. Il fut vendu en l893 par la fabrique au musée départemental. Il fut confié après restauration au Musée archéologique pour être installé à partir de 1911 dans l’ancien évêché. Cette verrière a été restaurée en 1896 par l’artiste peintre breton Deyrolle et par le maître-verrier parisien Mesguen-Cesbron.
Il se trouve actuellement au musée Départemental breton (près de la cathédrale), salle basse de l’aile méridionale. Le vitrail a pris place dans une fenêtre qui ouvre sur la cour intérieure de l’ancien évêché.
Le vitrail représente dans la baie centrale la Vierge portant l’Enfant Jésus; dans les côtés, d’une part, sainte Marie-Madeleine tenant son vase de parfum et de l’autre, saint Patern en chape, mitre et crosse présentant le seigneur donateur de la maison de Kersauzon.
Ce vitrail a été restauré à plusieurs reprises, de sorte que seules les lancettes latérales datent du XVIe siècle, sainte Marie Madeleine et saint Patern présentent le donateur agenouillé.
Ce vitrail représente une sorte de synthèse locale de l’esthétique de la première Renaissance dans sa dimension européenne ; c’est l’œuvre d’un atelier quimpérois. L’analyse suggère une date immédiatement antérieure à 1535″(cf. Roger Barrié dans un article de « arts de l’Ouest, études et documents : le vitrail breton. » * 977 1 Université de Rennes) et « Architecture bretonne, Etude des monuments du diocèse de Quimper 1904 de Kérangal. »
Le clocher
Le clocher a été construit en 1669 par Etienne Salaün, maître tailleur de pierres à Pleyben. Auteur, en autre, du clocher de St Idunet en 1655, Salün signe sans ambiguïté son ouvrage selon l’inscription étalée sur le bandeau qui règne en haut de la souche de la tour « E.SALAN MA FAICT ». Une seconde inscription, placée plus bas laisse deviner de rares lettre « A—-R/F »(Fabricien), suivies de la date de « 1669 ».
Le clocher à galerie et double chambre de cloches a sa flèche pyramidale amortie de petits galbes et ornée de grosses têtes et de discrets monstres affrontés. On y observe l’habileté avec laquelle le plan de la souche, légèrement plus long que large, passe a celui de la pyramide parfaitement octogonale. Fort habilement, Salaun ménage le raccord au plan carré, par le niveau placé sous la galerie dont le plan rectangulaire se lit bien avec cinq balustres selon les côtés. Notons que la flèche semble provenir du clocher gothique antécédent.
Les deux coqs de pierre au sommet, regardant l’un vers le nord, l’autre vers le sud comme celui de saint Guénolé en LOPEREC.
La cloche porte l’inscription suivante : « Je m’appelle EXUPER MARIE YVONNE bénite le 18 septembre 1892. J’ai pour parrain Yves Miossec et marraine Marie Cornec – Recteur M Tanneau »
Le calvaire
Planté devant l’entrée de la chapelle, il se compose en un fût en granit et croisillon en kersantite surmonté du Christ en croix. Il est évident que les dégâts de l’érosion entre le fût et le croisillon ne sont pas les mêmes. Ce calvaire a subi plusieurs restaurations dont une connue en 1860, où un bras était brisé. Il a été réparé par Exupère Nédelec pour 3 francs. Il est possible que cette réparation se soit traduite par un remplacement pur et simple des bras. Les restes des anciens bras brisés ont été découverts en 1996, lors des travaux de mise en valeur de la chapelle. Ces vestiges sont en tous points semblables à notre calvaire et portent les armoiries des Kersauson, seigneur de Rosarnou d’une part et de l’autre la date de 1590. Il est étonnant que ces blasons n’aient pas été dégradés malgré les édits de la Révolution de 1789.
Sur cet édicule, et au dessus de quatre marches, nous trouvons le calvaire. Le fût est planté de telle sorte que le Christ fait face à l’Ouest.
Le fût porte en sa base une sculpture de saint Marc prise dans la masse. L’écritoire de l’évangéliste se trouve dans la main gauche et le lion allégorique repose à ses pieds.
Le croisillon en Kersantite surmonte ce fût. Il supporte de part et d’autre des statues géminées et taillées dans un seul bloc. Nous trouvons à gauche la Vierge et st François d’Assise et à droite saint Yves et st Jean. Ces statues ont été et demeurent mal disposées, St Jean fait normalement pendant à la Vierge et là il se retrouve avec le regard perdu alors qu’il doit contempler le crucifié. A la souche des bras sur la face ouest, nous trouvons la sainte Face et sur l’autre face le blason de la famille de Kersauson (fermail d’argent sur fond de gueule).
Rehaussant le croisillon, un crucifix surplombe le tout. Il est
remarquable car l’artiste a placé à même la croix et sous les pieds du Christ deux anges portant un calice recueillant le saint Sang, et au-dessus de la tête du supplicié un diablotin portant une banderole. Derrière le Christ, une statue de saint Exupère, les pieds sur les armoiries du donateur.
Détails face ouest
Clichés du calvaire face est
la fontaine
La fontaine de dévotion, assortie du lavoir qui n’est plus utile de nos jours se trouvait vers le sud de la chapelle au milieu d’une prairie fort humide. Ce lieu peu hospitalier pendant les périodes pluvieuses et l’état de délabrement dû à la végétation ont conduit les membres de l’association des amis de la chapelle à procéder à son déménagement en contrebas et à l’est de la chapelle en 1996. Cette opération a été précédée par l’envoi à l’église du bourg de la statue de Saint Exupère qui trônait dans cette construction au toit en bâtière façon XVIèmesiècle.
A l’arrière du monument une inscription en réserve donne le nom et la date d’une restauration : « HENRI : IA(CQ )/ 1670 : G F » (Les deux dernières lettres pour dire Gouverneur de la Fabrique)
L’association veillant au lieu a fait reproduire la statue de Saint Exupère par un sculpteur local et la pose a donné lieu à une cérémonie fort plaisante.
Saint Exupère dans l’église de Dinéault
Cette statue en bois a été sculptée entre 1410 et 1420(source monuments historiques)
Elle provient de la fontaine.
Le saint patron
Il est curieux d’avoir deux noms pour un patron d’une chapelle. Un breton, l’autre français :
– En breton Dispar en jouant sur les mots veut dire « qui n’a pas son pareil », mais Dispar vient du mot celteIsper (race du seigneur). Notons que sur le cadastre de l’année 1848 le lieu où se trouve la chapelle se nommait LOGISPER.
– En français Saint Exupère fait référence au premier évêque de Bayeux pour certains, à celui de Toulouse pour d’autres. Une correspondance avec l’abbaye de Landevenec précise « qu’il est évident que saint Exupère n’est qu’une traduction latine de Dispar – le saint sans pareil ». Le pardon de ce Saint, le deuxième dimanche de Septembre, correspond bien à la fête de l’archevêque de Toulouse. Mais cette date est contemporaine, car jusqu’en 1792 ce Saint était fêté le deuxième dimanche de la fête Dieu.
– Il est également étonnant de trouver sur le vitrail de 1530 placé au musée de Quimper, dans la première lancette, l’inscription de St Patern au dessus de l’évêque. Ce saint se fête le 21 mai, date où était célébré le pardon de la chapelle et ce avant 1780.